Le
gouvernement belge intéressé par le procédé de transformation de
l'eau en gel vient de passer une commande fabuleuse à l'entreprise
créatrice du produit, dans le cadre de la prévention des
inondations. Initialement étudié pour une utilisation personnelle,
le produit a été pour l'occasion spécialement revu pour un usage
collectif ! Hole-Ways District
est, comme son nom l'indique, un protecteur contre les fuites
(chemins du trou) car en effet qui dit trou dit fuite, qui dit fuite
dit écoulement, donc du liquide partout où il est possible
d'occuper le lieu, l'idée est donc de neutraliser ces chemins
d'écoulement et cela se fait par la transformation du liquide en
gel. Enfin, en version macro le produit permet un usage à l'échelle
du district c'est à dire d'un petit territoire.
A
chaque menace d'inondation les équipes spéciales du pays
constituées essentiellement de femmes vont poser les protections
Hole-ways district afin de protéger les secteurs menacés. Au
moindre débordement l'eau est absorbée et devient gel qui colmatera
les brèches, empêchant de nouveaux débordements: génial !
Les
services belges sont cependant préoccupés par la deuxième phase de
l'opération c'est à dire l'évacuation des tonnes et des tonnes de
gel. La technique en elle-même ne pose pas de problème en revanche
les conditions de mise en oeuvre si !
Pour
résumer disons que le nom du produit suggère intuitivement non
seulement l'usage comme on vient de le voir, mais également
l'élimination du produit usagé, ce qui est l'autre coup de génie
de la marque ! Une fois qu'elle est saturée de gel on doit éliminer
la protection . A cet égard le nom Hole-Ways est on ne peut
plus clair sur la méthode: les chemins du trou ! Ce qui implique de
rassembler tout cela dans un trou! Les services publics belges ont
donc eu l'idée d'utiliser des camions mais des camions spéciaux, et
c'est là que l'on constate la fulgurance, la réactivité et
l'adaptabilité des fonctionnaires belges, par rapport à nos
administrations françaises procédurières, figées, abstraites,
bien en phase avec la virtualité déconnectée (du concret)
caractérisant les hauts fonctionnaires énarchisant tout sur leur
passage.
En
effet, et il fallait y penser, nos voisins ont décidé, avant de les
diriger vers les lieux de ramassage, de charger les camions de trous
(vides cela va de soi). Au lieu de bêtement charger un camion comme
nous le faisons, on charge de produits les trous vides qui sont déjà
dans les camions . Alors, le plus dur étant fait, l'évacuation des
trous pleins devient un jeu d'enfant (bien entendu dans la limite de
charge par essieu mentionnée sur la carte grise, faudrait pas
déconner non plus !). C'est à ce moment que se posent les problèmes
de mise en oeuvre de l'évacuation. C'est très technique de charger
un camion de trous et de le déplacer: un geste bâclé au
chargement, un arrimage défectueux..... Et le chauffeur peut perdre
un trou en route. Ce qui peut virer au cauchemar au moment de
recharger car s'il recule de trop pour s'approcher du trou perdu, le
chauffeur peut faire tomber son camion dans le trou ! Et je ne vous
parle pas des catastrophes possibles avec les véhicules légers des
usagers de la route !
Le
deuxième problème est celui du gel et nos amis belges envisagent de
munir les camions de chaînes et de pulvérisateurs de saumure devant
les roues avant des véhicules, sans oublier les crampons
anti-dérapants sous les semelles du personnel lequel pourrait se
blesser en tombant ou faire échouer une manoeuvre cruciale en cours
d'exécution. Pensée intime d'un responsable (impérativement à
penser avec l'accent Belge) «Imaginez, une fois, un
dérapage qui renverserait un camion ! Nous ne saurions accepter une
pareille chose, non non !»
MORALITE
N'AYANT RIEN A VOIR
Nous qui nous plaignons
d'inondations en France ferions mieux de nous taire puisque ce sont
nos propres pouvoirs publics qui les ont réglementairement
organisées. En effet aucun permis d'aménager n'est accordé si
l'évacuation des eaux pluviales n'a pas été prévue ! Avec le gros
bémol suivant: toutes les eaux pluviales doivent obligatoirement
être, et le sont d'ailleurs, dirigées vers le cours d'eau le plus
proche. Cette accumulation au même endroit provoque évidemment des
catastrophes (sans parler du bétonnage qui empêche la pénétration
dans les sols, intensifie le ruissellement, et aggrave la situation
de façon démesurée ). Le plus élémentaire bon sens commanderait
de diversifier les écoulements au lieu de les concentrer sur un lieu
unique et pourquoi pas avec l'obligation (écologique cette fois) de
doter chaque logement, chaque bâtiment, d'un stockage d'eau de pluie
d'un volume correspondant à son emprise au sol, avec un minimum de
3000 litres. Nous éviterions le gaspillage d'eau potable pour le
jardin, laver la voiture ou autres usages (sanitaires par exemple)
alors qu'on nous parle sans arrêt du déficit d'eau. Mais notre
adminstration gauloise est réfractaire au changement, demeure
inflexible, persiste dans le virtuel de ses textes, refuse de voir
la réalité, et oblige donc la population à créer des zones
inondables....Imperturbablement !